vendredi 15 janvier 2010

Deux supports de transmission de la religion (Albi, XVe et XXIe s.)

Les programmes iconographiques des églises ont pour principal objectif la transmission d'un savoir : celui des composantes de la religion (dogmes tels purgatoire ou enfers ; vie du Christ ; vie des saints) et de la bonne croyance. Dans les derniers siècles du Moyen Age, la religion passe des clercs aux fidèles par l'intermédiaire de la parole et de l'image. Quant le croyant entre dans le sanctuaire, il peut y voir les exemples choisis par le clergé et mis à sa disposition pour éclairer sa foi et ses choix de vie. Plus tard, l'écrit s'ajoutera à ces moyens de diffusion de la religion. Mais l'image reste un moyen privilégié de transmission. La cathédrale Sainte-Cécile d'Albi en offre un excellent exemple.


La cathédrale d'Albi est célèbre pour ses peintures murales de qualité et de taille exceptionnelles. La fresque du Jugement dernier (dont les photos ci-dessus montrent un détail), datant de la fin du XVe siècle, reflète à la fois les angoisses de l'époque et leurs remèdes. Elle s'inscrit dans le cadre de la floraison du macabre dans l'art graphique qui témoigne de la montée de la peur face à la mort. Exposant les châtiments endurés par les pêcheurs, elle donne en même temps la clé d'un salut (résister à la tentation du pêché). Elle constitue en elle-même une pédagogie de l'économie du salut, un sujet complexe rendu accessible à tous par l'image.

Si l'image avait toute sa place dans la diffusion de la religion dans le cadre d'une société en majorité illettrée, qu'en est-il aujourd'hui ? C'est à l'entrée de la même cathédrale que l'on peut trouver une première réponse.

Au dessus du bénitier, un petit panneau de bois indique comment se signer en entrant dans le sanctuaire. Les cinq gestes constitutifs font l'objet d'un dessin particulier, indiquant leur ordre, leur sens (de haut en bas puis de droite à gauche) et les mots à prononcer à chaque étape. L'image ne transmet pas un dogme mais un rituel. La question qui peut être posée est sans doute : à qui s'adresse-t-elle ? Le geste n'est-il pas familier aux catholiques pratiquants ? S'adresse-t-on aux enfants ? Aux non-pratiquants désireux de rentrer dans l'ecclesia ? Elle est sans aucun doute le résultat d'un constat : la déchristianisation de la société dans laquelle le geste chrétien le plus simple est à apprendre. Et dans laquelle les images du XVe siècle ne sont sans doute pas compris par la majorité des visiteurs.

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